Recyclage des fluides frigorigènes
Pourriez-vous vous présenter en quelques lignes ?
Frederic Vannson : Je suis Directeur des Relations Institutionnelles. Mon rôle est de représenter l’entreprise dans les différentes institutions et dans les associations professionnelles, de porter la voix de l’entreprise sur des sujets d’évolution technique et réglementaire.
Marc Chabrillat : Je suis Conseiller technique SAV sur la partie Froid pour Petit Forestier Group. Mon rôle est de faire appliquer, piloter et donner les conseils à chacun des pays pour qu’ils puissent mettre en place les actions nécessaires pour respecter les réglementations.
Petit Forestier Group a l’ambition de devenir le leader mondial de la location frigorique durable, comment y contribuez-vous ?
Frederic : Nous sommes très actifs sur les aspects réglementaires. Notre objectif final c’est la construction de la transition écologique et énergétique. En tant que leader, on se doit d’y être, et d’accompagner cette transition.
A quoi sert un fluide frigorigène et comment se passe la récupération des fluides actuellement ?
Frederic : Le fluide frigorigène se trouve à l’intérieur d’une machine frigorifique. C’est un produit chimique qui a beaucoup d’avantages dont le principal est de permettre le refroidissement d’un milieu, mais il a aussi des inconvénients. L’inconvénient majeur réside dans le fait que la typologie de fluides utilisés actuellement génère de l’effet de serre en cas de fuite. Ces fluides ont une empreinte carbone forte.
Marc : La réglementation aujourd’hui nous impose de récupérer nos fluides. On doit être en possession du matériel nécessaire dans nos ateliers pour ce type d’opérations. On doit également expliquer administrativement chaque année cette récupération de fluide. Cela permet de s’assurer que tous nos flux sont bien tracés et que les fluides usagés sont correctement traités pour ne pas finir dans l’atmosphère.
Frederic : On a donc une obligation systématique de récupérer le fluide et ensuite nous avons plusieurs options : soit le recycler et le réutiliser, soit le régénérer*, soit le détruire si c’est un fluide interdit ou qui est trop dégradé pour être recyclé.
Quel choix a fait Petit Forestier Group ?
Frederic : Nous avons fait le choix de le recycler et de le réutiliser dès que cela est possible. Ce choix nous permet de réduire notre empreinte carbone au maximum et celle de nos clients.
Marc : Depuis 2018, nous avons investi dans des machines dédiées qui permettent de récupérer les fluides et de les nettoyer pour les réutiliser. De cette façon on évite d’injecter du fluide neuf systématiquement. De 2018 à 2024, nous sommes passés de 80 à 103 machines déployées dans 1/3 de nos agences. Une machine couvre les besoins de plusieurs agences.
Frederic : C’est en accord avec la stratégie du Groupe de s’inscrire dans un modèle économique plus circulaire. Cela nous permet de diminuer notre empreinte carbone mais aussi celle de nos clients lors de l’utilisation de nos matériels. Globalement la majorité de nos pays sont équipés de ces machines dont l’usage varie en fonction du niveau de maturité technique du pays.
Ce choix est-il uniquement environnemental ?
Frederic : Ce choix est environnemental et économique. En effet, nous constatons depuis plusieurs années, une hausse du prix du gaz. C’est pourquoi, nous avons fait le choix de recycler et réutiliser pour contrôler nos investissements.
Quels sont les résultats concrets de Petit Forestier Group en matière de recyclage des fluides ?
Marc : Petit Forestier Group a recyclé un peu plus de 40 tonnes de fluide depuis 2018 ce qui représente la non-émission en fluide neuf de 19 000 tonnes de CO₂.
Frederic : Ces indicateurs de chacune de nos manipulations sont remontés à la Commission Européenne. C’est important car ces données permettent aux législateurs d’ajuster les textes de loi.
Quelles sont les actions à venir pour répondre aux nouvelles réglementations sur les fluides et anticiper les défis futurs ?
Frederic : De nouvelles régulations se mettent en place avec le texte F-GAS**, qui encadre les fluides à fort potentiel de réchauffement climatique, avec des objectifs de réduction d’ici 2030.
Les futurs fluides seront soit des mélanges de fluides actuels avec des fluides naturels, soit des fluides entièrement naturels. Le défi est d’anticiper ces changements en testant dès maintenant des équipements adaptés aux futures réglementations et en réfléchissant à notre manière de travailler à l’horizon 2030.
Marc : Pour les futures actions on a deux leviers : travailler avec nos fournisseurs et fabricants pour proposer des groupes frigorifiques utilisant des fluides moins polluants. Nous testons donc de nouvelles technologies et machines contribuant à réduire notre empreinte carbone.
Le deuxième levier, consiste à investir dans de nouvelles machines de recyclage. L'objectif est d'installer de nouvelles machines automatisées, plus ergonomiques, qui permettront d'augmenter la capacité de recyclage des fluides et d'optimiser le travail de nos équipes.
Et le fluide naturel dans tout ça ?
Frédéric : Presque tous nos véhicules sont déjà équipés d’un agrément ATP**. Dès que les tests seront concluants et que nous aurons les certifications ATP pour les fluides naturels, nous serons prêts à les adopter.
Marc : Pour aller plus loin, les futurs groupes frigorifiques que nous utiliserons intégreront des technologies spécialement conçues pour fonctionner avec des fluides naturels, ouvrant la voie à des solutions encore plus respectueuses de l’environnement.
Notes :
* Régénérer un fluide : c’est un procédé chimique complexe et couteux qui permet de remettre un fluide frigorigène dans l'état exact dans lequel il était lorsqu'il a été produit. Il ne peut être réalisé que par des chimistes industriels. Le recyclage consiste en un nettoyage à l'aide d'une machine dédiée, il peut être réalisé en interne. Il est autorisé par la réglementation et nous permet d'être autonomes et agiles avec un coût maîtrisé.
**F-GAS : texte qui régit au niveau de l’Europe les types de fluides qui peuvent être utilisés, leurs quantités, les quotas alloués et les obligations en termes de formation, de traçabilité, d’habilitation des entreprises. Elle régit notamment les fluides les plus nocifs et conduit à l’élimination de toute une partie des anciens fluides qui étaient les plus générateurs d’effet de serre.
*** L’ATP est une réglementation du transport routier frigorifique, signée par près de 50 pays, qui fixe des normes auxquelles doivent répondre les véhicules transportant des denrées périssables.